samedi 16 décembre 2023

LA PEINTURE ACADEMIQUE


Dans les encyclopédies d'art et jusqu'après l'ouverture du Musée d'Orsay, les chapitres réservés à la peinture académique sont étrangement sous-représentés ou même carrément absents. Leurs auteurs, lorsqu'ils parlent de la seconde moitié du XIXème siècle, ne considèrent que l'art romantique et réaliste, Manet et les impressionnistes. Ceux qui, hier et de leur vivant, ont été reconnus et adulés ont purement et simplement été rayés des cadres de l'histoire de l'art.

La caractéristique de l'art académique réside à la fois dans le fini des éléments peints très figuratifs et dans leur précision, cette conception se trouve à l'opposé de la théorie moderne où tout tend à s'abstraire et à se suggérer avec une finition souvent très secondaire. Cette conception est encore associée par dérision à un simple artisanat habile, soi-disant signe d'un manque de talent et d'originalité.
La peinture académique, émanation directe des règles strictes du classicisme et du néoclassicisme, constitue en quelque sorte l'antithèse exacte de l'art contemporain mais avec toutefois un point commun de taille :
- celui d'être ou d'avoir été soutenu par des instances officielles.
Et une différence d'importance :
- l'adhésion du public d'alors pour la peinture académique mais le rejet ou l'ignorance de l'art contemporain par le public d'aujourd'hui.

Le parallèle entre la situation des artistes officiels d'aujourd'hui, c'est-à-dire les "conceptuels-minimalistes", avec ceux du Second Empire et de la Troisième République, les "pompiers ou académiciens", est devenu incontestable et l'on peut parfaitement penser que cet "art contemporain", à l'image de l'art académique, connaîtra lui aussi un inévitable discrédit.
Par ailleurs, le dénigrement souvent entretenu de l'art académique et ses spécificités comme le métier, la tradition, sa figuration affirmée, servent de repoussoir et d'alibi à l'innovation pour l'innovation. Pour certains, il représente uniquement l'art de la bourgeoisie conservatrice, hostile à toute forme de changement ; mais on pourrait tout autant, voire davantage puisque peu populaire, qualifier l'art contemporain d'également très bourgeois.
A ce titre, la collection de l'homme d'affaires François Pinault, avec les oeuvres des derniers artistes à la mode comme Jeff Koons ou encore Damien Hirst, et composée surtout d'artistes américains minimalistes et conceptuels, ne synthétise-t-elle pas, à la caricature, le type même de la collection du bourgeois bien arrivé et pour le moins sous influence ? Il demeure néanmoins vrai que certaines libéralités fiscales, propre à la France, ne manqueront sans doute pas d'inciter quelques riches contribuables à flatter leur égo à bon compte, par exemple par la création d'une fondation.


Le dessin académique d'après modèle vivant nommé "Académie", reste une étape incontournable.

            







Les élèves des Beaux-Arts de Paris, tout d'abord exclusivement masculins, aiment à prendre la pose avec humour


Vers la mixité - Atelier Officiel de Peinture pour élèves femmes, arrêté du 09 juillet 1900



Professeurs et élèves à la Villa Medicis, l'Académie de France à Rome.
Un objectif prestigieux dans la formation des Ecoles des Beaux-Arts jusqu'en 1968.

Chaque année, au début du printemps, entre 1663 et 1967, jusqu'à cent élèves de l'Ecole des Beaux-Arts de Paris participent au concours du Prix de Rome de peinture. Première épreuve : une esquisse peinte à l'huile sur toile, de 32.5 cm par 40.5 cm, dont le sujet, toujours d'histoire, biblique ou mythologique, est annoncé par un professeur qui supervise l'épreuve.
Les concurrents sont enfermés douze heures durant dans un atelier de l'école qu'ils ne peuvent quitter avant d'avoir terminé l'épreuve. Le jury qui se compose de professeurs et de membres de l'Académie donne le résultat quelques jours plus tard. Les esquisses gagnantes sont enfermées à clé, pour être réutilisées à l'issue de l'épreuve...


Quelques Prix de Rome, aujourd'hui plus ou moins oubliés.





Le sujet de la troisième et derniére épreuve du Prix de Rome en peinture, lui-même composée de deux parties : une esquisse dessinée et une grande peinture d'environ 114 cm x 147 cm est annoncé solennellement par le secrétaire perpétuel de l'Académie à la dizaine de candidats qui restent sélectionnés.
Les peintures achevées sont vernies et présentées avec des esquisses dessinées afin que le jury, les journalistes et le public puissent les voir. Un jugement sera opéré quelques jours plus tard par les membres de la section peinture de l'Académie. Un et parfois deux grand prix sont attribués, de même que d'autres distinctions. Si aucune oeuvre n'obtient l'adhésion du jury, le prix sera remis à l'année suivante.
On remarquera une unité certaine, non seulement par le format imposé mais également dans le traité, la composition et, bien entendu, par l'influence alors dominante du néo-classissisme.
En outre, le temps relativement court imparti pour l'exécution, celle-ci dure deux mois où les "logistes" sont enfermés à l'intérieur de l'école dans des pièces séparées sans pouvoir communiquer entres eux, ne permet guère les multiples reprises.

Les écoles de Provinces préparent à l'admission aux Beaux-Arts de Paris, passage obligé pour se présenter aux prestigieux Prix. Les études académiques sont tout aussi rigoureuses, comme ici celles des élèves de l'école des Beaux-Arts de Nancy.









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POUGUES LES EAUX, France
1996 - L’ART CONTEMPORAIN ET SES INSTITUTIONS - A chaque époque son art officiel. Parfois l'artiste l'ignore, parfois celui-ci y adhère plus ou moins et, plus rarement, s'y oppose ouvertement. Jusqu'alors, avec les différents médias, écrits, radio et télé-diffusés, le destinataire était essentiellement passif, se contentant de choisir et de recevoir sa source d'information, sans autre participation possible. Aujourd'hui, par l'intermédiaire de l'Internet, ce même destinataire a désormais l'opportunité de devenir un acteur actif...