mercredi 3 mai 2023

Les Ateliers réservés aux jeunes femmes



A partir de 1896, les jeunes femmes auront la possibilité de fréquenter la bibliothèque de l'Ecole des Beaux-Arts de Paris et pourront aussi assister aux cours magistraux de perspective, anatomie et histoire de l'art, à condition qu'elles aient bien rempli certaines conditions d'admission.
Elles doivent formuler une requête écrite, être âgées de quinze à trente ans, et présenter un acte de naissance ainsi qu'une lettre de recommandation d'un professeur ou d'un artiste confirmé. Pour les prétendantes étrangères une lettre de leur consulat ou de leur ambassade...

Dès la fin du XIXème siècle, des ateliers sont réservés aux jeunes femmes dans la plupart
des grandes villes occidentales, comme ici à Glasgow ou encore Kopenhague.



A Paris, l'atelier de Raphael Collin en 1892


Début de siècle, Paris reste le centre incontournable des Arts pour les jeunes femmes
L'atelier de l'américain Henry Mosler à Paris


A Paris, bien entendu, ou comme ici aux Beaux-Arts de Nantes en 1908,
avec son premier Directeur-fondateur le peintre Emmanuel Fougerat


L'ouverture aux étudiantes de l'Ecole des Beaux-Arts de Paris, relativement peu sélective, est très appréciée non seulement pour son émulation mais surtout pour son prix de revient subventionné. Rappelons qu'alors, seuls les ateliers ou académie privés offraient quelques possibilités d'études aux femmes-artistes mais avec des coûts élevés, généralement deux fois supérieurs à ceux demandés aux étudiants masculins.
C'est en 1900, onze ans après la première demande formelle d'admission aux Beaux-Arts déposée par Madame Bertaux, que les femmes pourront entrer dans un atelier de l'Ecole ; atelier qui leur sera tout spécialement destiné. Celui-ci, sera codifié comme ses homologues masculins et réglé dans ses moindres détails par des instructions réparties en quarante deux articles.
Pour suivre la tradition établie, un massier ou plus exactement une massière, représente les intérêts des élèves de l'atelier. Cette responsable dispose de certains pouvoirs, elle est habilitée à entretenir un lien entre les étudiantes et le professeur Humbert, membre de l'Institut, à lui poser des questions, à risquer quelques objections.
Le choix des modèles et de leurs positions, plus ou moins longues en fonction de l'étude envisagée, étaient déterminés à la majorité, la massière se contentant d'officialiser matériellement le choix par des marques à la craie sur l'estrade réservée à la pose. Celle-ci pouvait encore intervenir lors d'une éventuelle concurrence concernant la meilleure place, la meilleure lumière pour dessiner, pour peindre.
Trois ans après la fondation de cet atelier, en 1903, les femmes furent autorisées à se présenter au Prix de Rome et la première à l'obtenir fut Lucienne Antoinette Heuvelmans, Prix de Rome de sculpture avec "La soeur d'Oreste défendant le sommeil de son frère", en 1911.
Il n'y aura qu'un seul atelier de ce type jusqu'à la fin des années vingt. Les jeunes femmes artistes prendront en quelque sorte leur revanche dès les années soixante-dix, et deviendront même majoritaires au niveau des effectifs à la fin des années quatre vingt.



Clémentine Hélène Dufau - Quinsac, 1869 – Paris, 1937
Née dans une famille aisée du Bordelais, en 1888 la jeune femme s’inscrit à l’Académie Julian, dans la section féminine rue de Berri, dans l’atelier de William Bouguereau. L'année suivante elle expose au Salon des artistes français un portrait de son père au pastel. En 1895 elle reçoit le prix Marie Bashkristeff, qui récompense les jeunes talents. Hélène Dufau dessina l’affiche pour le lancement du journal féministe La Fronde et comptera parmi les "bourgeoises" émancipées .



Académie Julian, rue du Dragon - Atelier féminin de Bouguereau vers 1890


Les jeunes-femmes se dessinaient souvent entre elles


Marc-Verat@wanadoo.fr

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POUGUES LES EAUX, France
1996 - L’ART CONTEMPORAIN ET SES INSTITUTIONS - A chaque époque son art officiel. Parfois l'artiste l'ignore, parfois celui-ci y adhère plus ou moins et, plus rarement, s'y oppose ouvertement. Jusqu'alors, avec les différents médias, écrits, radio et télé-diffusés, le destinataire était essentiellement passif, se contentant de choisir et de recevoir sa source d'information, sans autre participation possible. Aujourd'hui, par l'intermédiaire de l'Internet, ce même destinataire a désormais l'opportunité de devenir un acteur actif...